« Chérie ! J’t’ai passé l’aspirateur ! », la phrase qui tue

On n’imagine pas à quel point, cette phrase tue. Elle n’a pas l’air comme ça sous ses airs serviables et sympas. Pourtant c’est une bombe à retardement !

Pourquoi ? Parce qu’elle est sournoise et lourde de sens.

Cet article s’inspire de mes accompagnements autour de la thématique de la charge mentale des femmes et des mères, stressées et débordées de tâches ménagères.

Qui a dit que nous les femmes, nous étions les cheffes de toute la maison ?

Dans le « chérie, je t’ai passé l’aspirateur », il y a fondamentalement un truc qui ne va pas.

C’est le T apostrophe.

Car il sous-entend que l’aspirateur est la propriété de « Chérie ». Alors que non. Chérie n’est pas née avec un aspirateur à la main, ni une lettre de mission en tant que cheffe unique responsable de la propreté de sa future maison.

Là où Chérie se piège, c’est qu’elle a intégré en elle (par mimétisme, par effet sociétal, par besoin de reconnaissance, par peur du regard des autres, par croyance qu’aimer c’est servir, etc.), que lui revenait la grande mission de rendre sa maison propre et bien rangée, ainsi que le bien-être et le confort de ceux qui vivent avec elle.

Ainsi, quand Monsieur passe l’aspirateur (spontanément ou sur demande) et qu’il dit parfois cette phrase « Chérie, je t’ai passé l’aspirateur », il renforce lui-aussi cette idée que ce sont les femmes qui sont les cheffes des tâches ménagères.

Alors ça continue, elle fait. Elle prend les devants, elle nettoie, elle range, elle lave, elle dépote du matin au soir. Même en travaillant à temps plein et en ayant un ou plusieurs enfants. Et cerise sur le balai, en faisant tout ça, elle nourrit une bonne image d’elle, celle d’une femme qui assure, dont l’intérieur est nickel même en cas de voisins qui débarquent à l’improviste, pas de souci, tout est sous contrôle !

Là où ça se complique, c’est que même en demandant à son entourage de faire telle ou telle tâche, peu à peu, elle finit par préférer faire elle-même car si d’autres s’en chargent (mari, enfants par exemple), ce n’est pas « bien fait », pas comme elle fait elle, pas fait tout de suite, pas fait à fond, pas fait assez rapidement, etc.

Elle fait, fait, fait toujours mais s’épuise, perd le sens de sa propre vie, développe de la frustration et de la colère, pète régulièrement des plombs ou n’entend pas les signaux de son corps.

Bref, le serpent se mord la queue. Cette femme, qui souvent finit par hurler qu’untel a sali, qu’untel n’a pas rangé telle ou telle chose, ne laisse finalement pas ou peu de marge de manœuvre à son entourage. Les initiatives sont vite jugées imparfaites. Elle reste donc dans son système entre faire systématiquement et râler de toujours faire…

Que faire alors quand la charge mentale domestique est trop forte ?

Le problème est complexe car il concerne plusieurs personnes et plusieurs plans :

1/ La femme ou mère souffrant de ce trop-plein logistico-domestique. Avec elle, dans mes accompagnements, nous travaillons sur deux gros volets : celui de l’organisation même de la maison incluant la question de la délégation de cette charge mentale. Et le volet du pourquoi elle a du mal à faire autrement. Quels sont les enjeux sous-jacents ? A quels mécanismes, son besoin de tout contrôler répond ? Souvent, il y a des « vieux dossiers émotionnels » à reclasser, des peurs à faire baisser, un lâcher-prise à s’autoriser et des croyances à déconstruire. Mais le jeu en vaut la chandelle. Car en bougeant pas à pas l’organisation, le stress diminue, les choses semblent plus justes et plus confortables.

2/ Le mari ou le compagnon. Les femmes que j’accompagne sur cette question, vivent avec des hommes qui ne participent pas ou peu aux tâches ménagères ou alors, avec des hommes qui essaient d’en prendre en charge mais qui se font critiquer car pas fait comme elles le voulaient. Ainsi, ils finissent par se positionner comme un peu extérieurs. Entre totale prise en charge de « tout ça » par leur femme,  attente des instructions pour eux-mêmes et promesse de « faire des efforts ». Dans tous les cas, la quotidien reprend ses droits. Ils constatent que leur femme est stressée, non disponible, souvent agacée. Et espèrent que « ça va passer ».

3/ Les enfants que ces mères chouchoutent « d’une manière inadaptée ». Comme je leur dis souvent : « Vos enfants ne se souviendront pas de l’aspirateur que vous avez passé dans leur chambre mais de cette crêpe-party remplie de rires, oui« . Il est donc tout à fait faisable de leur déléguer à eux-aussi un peu de cette charge mentale. A tout âge un enfant peut contribuer. Avec mes clientes, nous trouvons pleins d’idées sympas et ludiques pour que cette délégation soit fluide et agréable.

Et je ne parle pas ici, de toutes les représentations autour de la place de la femme dans la société…

Mais, j’ai SURTOUT envie de dire qu’il y a des solutions. Il y a des choses à mettre en place pas à pas. Il y a des émotions à laisser s’exprimer et des peurs à comprendre pour les dépasser. Il y a à revoir la façon dont nous nous exprimons (le fameux  « j’t’ai passé l’aspirateur » pourrait juste être un acte spontané, responsable et non jugé, point). Il y a des changements à enclencher pour que la maison soit l’affaire de TOUS ceux qui l’habitent. C’est possible. Certaines de mes clientes peuvent en témoigner. Cette question n’est pas une affaire de femmes ou de mères. Elle est l’affaire de tous. Chacun doit balayer devant sa porte ! 😉

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