Je reviens de quelques jours à Montréal. 
Je reviens de la ville (du pays ?), championne du monde de la bienveillance.
Incroyable ! 

Comment vous dire ? 

J’ai la sensation d’avoir expérimenté, la VRAIE bienveillance. Celle qui réchauffe le coeur. 
Oui j’ai bien dit « réchauffe le cœur ». 

Tout a commencé à l’aéroport. Je cherchais quel bus prendre pour rejoindre le centre-ville, quel genre de ticket acheter, etc. Je me suis donc rendue à un comptoir pour demander tout cela. La dame, extrêmement polie, m’indique alors la machine juste à côté. Je la remercie et j’y vais. Je cherche dans les menus, hésite puis finis par me décider. Je repasse devant le comptoir en trouvant du regard la direction à prendre et là, la dame m’alpague « Alors, vous avez trouvé ce qu’il vous faut ? ». Oui Madame. J’ai trouvé 🙂 

Cela peut paraître banal mais le fait de 1/ se rappeler de moi (aéroport plutôt grouillant de monde), 2/ de s’inquiéter de savoir si j’avais trouvé mon bonheur et 3/ de prendre le temps de me demander, eh bien j’ai trouvé cela très sympa. 

Me voilà ensuite dans le bus entre l’aéroport et le centre-ville. Le chauffeur m’indique le porte-bagage pour ma valise. Sauf qu’il ne reste que de la place à environ 1,60 m de hauteur. Sauf que je ne suis pas capable de soulever ma valise pour la poser à cette hauteur car elle pèse déjà 16 kg (#nocomment). Je lui dis que je ne peux pas. J’avance dans le couloir pour voir si je peux m’asseoir et serrer contre moi mon bagage ni vue ni connue. Le bus est plutôt calme. Le chauffeur roule déjà mais insiste. Je comprendrais pourquoi ensuite en expérimentant sa conduite… comment dire ? Dynamique !!! 
Désespérée, je ne sais plus trop quoi faire… Je sens que je suis dans une impasse et que le chauffeur me scrute. Et là, un monsieur se lève, attrape ma valise, la soulève comme si elle était en plumes et la pose dans le porte-bagage puis part de rasseoir sans mot dire, le visage tranquille. J’ai à peine le temps de lui dire « merci » qu’il replonge sur son écran de téléphone en lâchant un discret « mon plaisir ». 

Là encore, vous allez me dire que c’est normal et universel. Je réponds NON. Pas de cette façon. La différence est là. 

Et toute la suite de mon séjour m’a permis de valider mon ressenti. 

Le tutoiement généralisé « Salut, tu vas bien ?« . Tellement plus simple et ne changeant rien au respect de l’Autre. Un peu étrange au début quand on est habitué au vouvoiement. Mais très vite, cela fait naître une sensation de proximité simple avec les gens, déconstruisant les hiérarchies, les « castes » implicites, les classements. 

La sensation de sérénité dans les transports. Pas de regard de travers, pas de bousculade à la montée ou à la descente. Des attitudes qui prennent en considération les Autres (sans qu’ils aient besoin de se manifester !) telles que par exemple : se déplacer pour laisser passer ou s’asseoir, mettre son sac à terre ou entre ses pieds pour ne pas gêner, sourire simplement sans arrière penser, ne pas occuper une place avec son manteau, faire de la place spontanément,… 

La gentillesse proactive lorsque vous êtes perdu dans les rues et que vous semblez chercher votre chemin le nez au vent par – 15 degrés ! « Je peux vous aider ?« . 

La sécurité vécue et racontée par les locaux qui témoignent ne pas devoir s’inquiéter de leur portable posé sur la table du bar alors qu’on discute ou de la monnaie oubliée à la machine. Personne ne leur volera leur téléphone. Et l’utilisateur suivant rapportera la monnaie en courant à notre rencontre. 

La sécurité la nuit lorsque l’on rentre seule. Personne ne viendra vous enquiquiner, vous agresser, vous embêter. Chacun circule jusque tard dans la nuit de façon normale et détendue. La rue est secure.

Le fait de chercher à être agréable et serein dans la ville, chez les commerçants, dans les transports, dans les restaurants, au travail. Là-bas, pas de chichi, pas de protocole écrasant au quotidien, pas d’hypocrisie. Beaucoup de simplicité, de sincérité et d’écoute. L’utilisation d’une forme de communication non violente. Un accès à ses émotions, naturel et partagé. 

Le souci de savoir si on va bien, si on est bien, si on a besoin de quelque chose, si on aimerait être aidé pour telle ou telle chose alors qu’on se connait à peine. Une posture juste et encore une fois, faite de simplicité. Le fait de sentir qu’il n’y a pas de calcul, ni de stratégie. Que c’est comme ça là-bas.  

Etc, etc. 

Pour ma part, pendant les deux premiers jours, j’ai eu du mal à me défaire de mes vieux réflexes issus de quasi 30 ans passés à Paris et banlieue. Serrer mon sac contre moi comme si je traînais 30 millions d’euros, ne regarder personne dans le métro, surtout ne bousculer personne, ne pas sortir mon smartphone, éviter de rentrer seule de nuit, etc. 

Mais très vite, j’ai senti que je lâchais prise. Je lâchais véritablement prise sur mes peurs habituelles (de me faire dépouiller, emm*** dans le métro ou la rue, de me faire agresser,…). Je lâchais sur ces verrous que l’on ferme avant tout pour se prémunir de certains comportements. J’ai même ressenti mon corps se détendre. 

J’ai senti que je pouvais lâcher. Me balader sereinement. M’exprimer simplement. Etre encore plus moi que d’habitude. 
J’ai lâché prise parce que j’ai ressenti une réelle vraie bienveillance généralisée. 

Non je ne suis pas au pays des Bisounours (quoique ?). J’ai conscience qu’il doit y avoir des enjeux, des problèmes, des souffrances. 
C’est juste qu’ici parfois, on a oublié ce que c’est que de ne pas calculer, de ne pas sembler ou vouloir paraître quelqu’un d’autre que soi. On a oublié cette part d’humanité qui nous rend égaux et libres. On a oublié la simplicité, la bonne humeur, la gentillesse, le respect des Autres comme outils de base du vivre-ensemble. 

Alors merci la vie pour cette parenthèse enchantée ! Merci de rebooster ma croyance en l’humain. Pas que je l’avais perdue non. C’est juste que là, j’ai fait l’expérience de la vraie bonne bienveillance nourrissante dont nous, humains sommes tellement capables et dont nous avons tant besoin pour être heureux… 

#tabarnak ! 😉

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