Le monde a cela de chouette, c’est qu’il progresse !
Techniquement parlant j’entends.
La machine à laver qui révolutionne la vie des femmes (!), la machine à écrire qui rend l’écriture facile, rapide et bien présentée, l’ordinateur qui fait gagner du temps, le GPS qui guide, renseigne, propose et prévient, les machines à expresso domestiques qui amène le plaisir des terrasses italiennes chez soi, les drones qui se prennent pour des oiseaux reporters…
Bref, nous créons des objets destinés à nous rendre des services.
Jusque là tout va bien. Enfin à peu près. Nous ne retiendrons pas tous ces objets finalement inutiles qui voient le jour chaque semaine et qui interrogent quand même sur l’humain dans son environnement. Les objets sont-ils voués à nous rendre passifs ou totalement assistés ?
Pas sûr. Mais là n’est pas la question.
Elle est où la question d’ailleurs ?
La question est là où ça commence à s’inverser.
Je m’explique, bougez-pas.
Dans un monde idéal, l’homme crée des objets parce qu’il estime que ceux-ci peuvent lui faciliter la vie. Il vise ainsi un gain de temps ou de compétences, qui lui permet de mieux vivre (mieux travailler, mieux communiquer, élargir son horizon, accéder plus facilement à tel ou tel élément,…).
Parfait !
Sauf que dans la vraie vie, à certains endroits, un dérapage généralisé apparait.
Un exemple ?
Les emails
Quelle belle invention que les emails ! Quelle révolution que ces petits messages rapides, efficaces qui peuvent être reçus en quelques secondes à peine depuis l’autre bout de la Terre !
Bye bye le courrier à rédiger, à mettre en forme, à faire valider et signer par Duboss qui est en déplacement jusqu’à mardi, à timbrer, à envoyer et à patienter… 🙂
Paf un mail à une ou plusieurs personnes en même temps avec photos, fichiers ou son et l’affaire est dans le sac !
Mais (il y a toujours un mais…) la réalité de notre vie avec l’objet email est toute autre.
Ce « outil » qui nous rendait des services nous a trahi.
Oui trahi.
Il a habilement renversé la vapeur ! Et à présent, c’est nous qui sommes à son service.
Le matin, nous ouvrons notre boite mail pour constater que 148 mails sont arrivés depuis hier soir 23h56. Ce qui signifie que la vie nocturne bien qu’elle soit nocturne et censée reposer, a elle aussi été promue en temps actif.
Nous parcourons rapidement des yeux d’où proviennent ces emails tout en buvant notre café, fébrile à la recherche d’une éventuelle urgence noyée au milieu du reste…. Résultat : seuls 7 mails sont réellement à traiter.
Plus tard, nous partons en réunion durant laquelle notre smartphone branché sur notre boite mail, bipe à tout va pour annoncer de nouveaux messages.
Résultat, malgré le nettoyage du matin, 53 mails sont arrivés. Parmi lesquels finalement, 51 sont secondaires voire inutiles.
Et ce schéma se répète chaque jour, chaque nuit, 365 jours par an.
Il nous faut donc du temps pour prendre connaissance :
- de combien de nouveaux emails sont arrivés (et ce, le plus souvent possible des fois que)
- de qui nous les a envoyés (pour ne rien rater)
- de la teneur de ceux-ci
- de la réponse à prévoir
- du tri et/ou nettoyage à faire.
Et comme aujourd’hui, avoir l’information le plus vite possible voire avant toute la Terre entière, est un moyen d’avoir (l’impression) du pouvoir, nous prenons ce temps que nous n’avons pas, sur nos soirées (en famille, en couple, entre amis, en solo), sur nos week-ends, nos vacances, nos nuits, nos arrêts maladie, etc.
Pourquoi ?
Parce que lâcher ou mettre une limite serait inconcevable. Parce que ne pas répondre toute de suite à ce mail reçu à 22h24 serait signe que nous sommes des bons à rien, désengagés, détachés et jemenfoutistes.
Voilà, ça y est nous sommes totalement au service de l’outil et totalement piégés par l’utilisation généralisée qui en est faite et qui s’installe tranquillement dans nos mœurs.
Sur les 148 mails reçus, combien d’entre eux ont réellement une valeur-ajoutée ? Combien d’entre eux apportent quelque chose ? Combien d’entre eux sont des abonnements ou des pubs que l’on efface systématiquement sans les lire (ni les ouvrir d’ailleurs), chaque semaine ou chaque jour ? Combien d’entre eux pourraient être évités en passant une tête par le bureau voisin où réside le collègue à qui on doit demander ou donner une info ou en prenant son téléphone ? Combien d’entre eux pourraient attendre quelques jours pour être lus ou traités ?
Il est important de re-regarder les choses en termes de « service rendu ». Le mail doit nous apporter du positif. Et non pas de nous enchainer ou nous peser.
C’est d’ailleurs le prisme avec lequel nous devrions regarder tous nos outils (machines, objets, technologies,… ) entrés dans nos vies.
Quelle place ont-ils ces objets ? M’apportent-ils du positif ? Ont-ils pris une place juste ou trop importante ? Leur utilité est-elle avérée ? Ma vie est-elle plus agréable grâce à eux ? Respectent-ils ma liberté d’être ? Suis-je dépendant ? Suis-je capable de lâcher ces objets quelques jours ? Etc.
Il est grand temps de faire un audit !
Et de prendre des mesures en faveur de notre liberté d’être et d’agir.
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