La première fois que j’ai consulté un psy, il a eu cette phrase :

« Vous devez poser les valises qui ne vous appartiennent pas« .

Ce psy était une caricature du psy 🙂 Il trônait sur un fauteuil, ses demi-lunes sur le bout du nez, l’air pensif. Des tapis persans rouge foncé recouvraient le sol de son cabinet feutré. Il y avait un divan, des tableaux anciens et des petites lampes discrètes. Une fois dedans, on ne savait plus quelle heure il était, ni à quelle saison nous vivions !

En sortant de cette première rencontre, j’ai senti que ce ne serait pas lui. J’ai senti que j’avais envie que ce soit une femme qui m’accompagne. Alors je ne suis pas revenue.

Mais sa phrase, elle, m’a marquée. Pas tout de suite évidemment. Mais quelques années après, quand les fils se sont démêlés, j’ai compris ce que ce psy avait voulu me dire. #gratitude

Aujourd’hui, de ma place de thérapeute, il m’arrive de proposer à mes client(e)s de « poser les valises qui ne leur appartiennent pas« .

Ça veut dire quoi ? 

Cela veut dire que parfois nous nous occupons beaucoup des autres mais pas / peu de nous. 

Nous sommes attentifs et aux petits soins pour notre mère, notre fils, notre partenaire, notre boss (si si)…

Ou alors, untel nous prend tellement d’énergie que notre esprit est en mode automatique.

Bref, nous ne parlons que de cette autre personne qui nous cause du souci ou qui nous prend du temps ou qui nous sollicite ou qui nous prend la tête ou qui nous pompe l’air ou qui va de travers ou qui fait « n’importe quoi » ou qui nous émeut ou qui « a besoin de nous » ou qui ne peut pas faire sans nous…

Quelle que soit l’émotion ou le ressenti qui implique cela (compassion, agacement, tristesse, loyauté,…), le  résultat est le même.

Notre vie, notre énergie, nos conversations, nos insomnies, nos actions tournent autour de cette personne.

 

Où est le problème ? 

Je le dis souvent : le problème réside dans la conscience et donc le juste choix. Ou plus exactement dans la non-conscience et le non-discernement. 

Soyons clairs : la plupart du temps, nous n’avons pas conscience de l’ampleur du phénomène.

Nous vivons avec, dedans. Il est là, en nous, autour de nous. Nous fonctionnons naturellement avec lui. Nous agissons pour ou en fonction. Nous changeons nos comportements (mais ne le savons pas), nous adaptons inconsciemment nos pensées, nos discours, nos emplois du temps pour cet autre.

Mais nous n’en avons pas conscience.

Nous le faisons, point. Au détriment de notre propre vie. Nous nous faisons passer après. Nous nous mettons de côté. Nous sommes comme obsédés par tel ou telle. Nous n’avons même plus idée de nos besoins, de nos désirs, de nos ressentis…

Respecter quelques conditions  

Si la vie nous amène à prendre d’autres valises que les nôtres, parce que nous nous occupons d’un proche malade, parce que nous sommes débordés au travail et qu’il faut donner de son temps beaucoup plus que d’habitude, parce que notre ado est… ado et qu’il se/nous cherche, parce que notre partenaire semble déprimer…

OK !

OK, c’est compréhensible et humain.

Mais, surtout, surtout : faisons-le en conscience et par choix.

Faisons-le avec notre âme mais sans nous sacrifier.

Faisons-le avec notre cœur mais sans se faire oublier / s’oublier.

Faisons-le avec notre lumière mais sans nous brûler.

A quoi je sers si moi-même je ne suis pas aligné ?

Que puis-je apporter si moi-même je ne prends pas soin de moi ?

Quelle valeur je m’accorde si je ne m’occupe pas de moi ?

Prendre les valises de quelqu’un d’autre oui, mais pas en continu.
Prendre les valises de quelqu’un d’autre oui, mais pas exclusivement. 

Rappelons-nous toujours que chacun a son chemin

Nous y compris.

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