L’abus d’anticipation est dangereux pour la santé
Depuis que je suis devenue maman… (oui j’ai commis deux enfants – en deux ans seulement – c’est plus drôle…) et bien mon sport quotidien c’est l’an-ti-ci-pa-tion.
Ça vous parle vous aussi ?
Parce que si avec trois, deux ou même un enfant, on n’anticipe pas, on est mort. D’inquiétude ou de fatigue… (de rire rarement ou alors au 15ème degré).
Ça commence dès le matin alors que nos petits neurones ne sont même pas réveillés. On ouvre un œil et là c’est parti, on pourrait presque faire un logigramme…
Ils sont réveillés les loulous ? Oui / Non. Si oui, il faut que je leur prépare leur petit-déjeuner. Si non, j’ai 4 minutes 32 pour aller prendre une douche « tranquille ». Quel temps fait-il ? Pluie, soleil, froid, chaud (rapide consultation des applis météo, oui « des » pour vérifier… + œil scrutateur à la fenêtre + éventuellement main test à l’extérieur). Oui/Non. Ok donc ils vont mettre ça. Quelles activités ont-ils ? (grattage de tête, recherche du jour de la semaine, recherche des activités) OK je vais leur préparer un sac avec leurs affaires (de quoi ont-ils besoin) et je vais ajouter un pull au cas où il fait plus froid, quelques gâteaux au cas où ils aient faim et un bob au cas où ça se dégage… Ce soir, nous sommes mardi, je finis à 18h30. C’est moi qui récupère les enfants (Oui/Non). Il faut que je pense à prendre du pain, à faire 2 ou 3 courses (mini liste dans la tête ou mieux écrite rapidement sur un post-it : lait, œufs, salade, liquide vaisselle) et à leur donner leur bain. Ah tiens et puis il faut que je mette une lessive en route, que je paie telle facture et que je passe mon coup de fil.
La journée entière est passée en revue, comme scannée pour que tout se déroule du mieux possible pour nos enfants. Et puis comme si ça ne suffisait pas, la journée de travail elle aussi est passée en revue, comme scannée pour que tout se déroule le mieux possible avec nos collègues. Le plus souvent, on le fait sur le trajet pour aller au travail… Et puis comme si ça ne suffisait pas, nos relations amoureuses, amicales ou familiales sont passées en revue, comme scannées pour que tout se passe pour le mieux… Tiens je vais passer prendre des fleurs pour ma copine et en chemin, je passerai un coup de fil à mon frère pour lui rappeler que demain il faut qu’il…
J’ai le tournis rien qu’à l’écrire !
Personnellement, je rattache la nécessaire anticipation des choses à mon accès au statut de parent (talam !), voire de maman. Avant d’avoir mes enfants ? J’imagine que j’anticipais raisonnablement. A présent, j’ai le sentiment que c’est une étape quotidienne utile (bah oui quand même) mais qui peut se révéler… comment dire ? Écrasante ? Chronophage ? Fatigante ? Bref, il faudrait pouvoir anticiper l’excès d’anticipation… 🙂
Car finalement l’excès d’anticipation c’est quoi ?
1/ L’envie (irrésistible) de tout contrôler… ! Là ça doit parler aux perfectionnistes ou idéalistes ou aux personnes qui ont du mal à faire confiance… (ou à ceux qui sont un peu les trois),
2/ La difficulté à vivre dans le présent… Vous savez le fameux « ici et maintenant »… Parce que si je suis dans l’ici et le maintenant, je ne suis pas ailleurs… (cf. le point 1)
C’est peut-être juste une question de dosage (ou de terme : anticipation vs organisation… ?) mais je crois que pour vivre heureux, il faut savoir anticiper avec modération. Cela signifie accepter de ne pas tout contrôler, de ne pas tout prévoir et donc d’accueillir l’imprévu, d’accepter la surprise, de laisser faire les autres, d’avoir confiance en la vie.
Depuis que je suis maman j’anticipe davantage et après un pic anticipateur nocif (vous apprécierez le sens de la formule…), j’ai décidé de me lâcher un peu les baskets… J’ai oublié de prendre le goûter ? Pas grave on passera à la boulangerie… Il s’agit de relativiser car tout n’est pas sur le même plan.
Reste à savoir pourquoi nous avons besoin de tout contrôler… et pourquoi nous avons du mal à vivre dans l’instant présent… Anxiété ? Dépréciation ? Manque de confiance ?… Une thérapie par la sophrologie peut être bénéfique… mais je ne voudrais surtout pas en anticiper les effets ! 🙂
Alors dites moi : vous anticipez un peu, beaucoup, à la folie ???
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